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Une communauté unie : le Programme autochtone de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa célèbre 20 ans de progrès et de partenariats

Par David McFadden

Rédacteur scientifique, Université d'Ottawa

Indig Program 20th
Depuis sa création en 2005, le Programme autochtone de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa travaille avec détermination pour soutenir et guider les étudiantes et étudiants autochtones dans la poursuite de leurs ambitions tout au long de leurs études en médecine et jusqu’à l’exercice de leur profession.

Deux décennies plus tard, ce programme mené par des Autochtones est à la fois un héritage et un projet vivant. Il perpétue une fière tradition de réussites tout en restant fermement orienté vers un système de santé plus juste, plus équitable et plus inclusif.

Depuis 2005, une centaine d’étudiantes et étudiants autochtone ont terminé le programme d’études médicales de premier cycle et sont désormais médecins de famille, éducatrices et éducateurs, résidentes et résidents, etc. Ces personnes sont de véritables sources d’inspiration pour la prochaine génération de médecins autochtones du Canada.

Indig Drumming

« Dans le cadre de notre programme, on enseigne la sécurité culturelle, c’est-à-dire la prestation de soins dans le respect de la culture, de l’histoire et des réalités actuelles des communautés... Â»

La Dre Darlene Kitty

— Directrice du programme

En plus de poursuivre sa mission primordiale, qui est de forger des liens, le Programme autochtone a fait évoluer le principe des « soins adaptés à la culture Â» et a contribué à la mise en place d’un cursus médical qui valorise la richesse des savoirs autochtones en plus des soins de santé classiques. Il apporte également un éclairage utile sur la manière dont les déterminants sociaux de la santé affectent les communautés autochtones.

Le programme de même que le parcours qui mène à l’exercice de la médecine témoignent de ce que peuvent accomplir la pratique relationnelle, les partenariats réciproques et collaboratifs, ainsi que de véritables changements institutionnels. Il souligne le fait que la réconciliation et l’équité en santé sont des projets continus qui nécessitent engagement constant, humilité et ouverture à l’apprentissage et à l’évolution.

« Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir, mais je suis fière des avancées réalisées en santé autochtone au fil des ans Â», déclare la , médecin de famille, chef de file, mentore et directrice du programme depuis 2010. 

Ouvrir la voie, partager les connaissances

La Dre Kitty est la mieux placée pour comprendre ce parcours. Lorsqu’elle étudiait à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa (promotion de 2002), elle était l’unique personne qui s’identifiait comme Autochtone. Sur les quatre années du programme, seul un après-midi était consacré à la santé autochtone.

« Maintenant, nous éduquons et formons les médecins en santé autochtone. Le sujet est abordé avec l’ensemble de la communauté étudiante, pas juste avec les étudiantes et étudiants autochtones Â», souligne la Dre Kitty, femme crie dont les deux parents ont vécu dans des pensionnats.

Hoop dance

« J'espère pouvoir aider à encadrer la future génération de médecins autochtones afin qu'ils puissent se sentir aussi soutenus que je l'ai été. Â»

Hannah McKay

— Étudiant en deuxième année

Issue de la , elle a été récompensée pour son travail. Elle a notamment remporté un prix de l’AFMC en 2018 pour ses contributions à la diversité en médecine. Elle s’est donné pour mission de guider la relève autochtone en médecine et d’améliorer la santé des communautés autochtones.

Selon elle, il est primordial d’offrir des espaces d’apprentissage, de guérison et de partage culturel.

« Dans le cadre de notre programme, on enseigne la sécurité culturelle, c’est-à-dire la prestation de soins dans le respect de la culture, de l’histoire et des réalités actuelles des communautés autochtones Â», explique-t-elle. « Ce sujet englobe tout : des pensionnats autochtones aux problèmes sociaux modernes, comme le suicide et les dépendances. Il met également l’accent sur les aspects positifs tels que les forces de la culture et les activités liées à la terre, reconnues pour leur pouvoir thérapeutique. Â»

Soutenir les étudiantes et étudiants autochtones en médecine

La communauté étudiante actuelle affirme que le Programme autochtone propose une expérience d’apprentissage inclusive et crée un fort sentiment d’appartenance.

Montana Warbrick, étudiante autochtone en quatrième année de médecine, originaire de la   Ã  Notre-Dame-du-Nord, au Québec, explique que ce sentiment prend naissance dès le processus d’admission, puisque les candidates et candidats reçoivent le soutien et les conseils de la communauté étudiante pour préparer leurs entrevues et faire la transition vers les études de médecine.

Indigenous Garden smoke

« Le Programme autochtone soutient leur autoréflexion, l’exploration et la découverte. Â»

Le Dr Alex Petiquan

— Responsable du mentorat pour le Programme autochtone

« Les apprenantes et apprenants admis sont accueillis dans une communauté bienveillante. Différents événements, comme le repas d’accueil annuel, favorisent les liens et le sentiment d’appartenance, tandis que la participation des Aînées et Aînés permet d’assurer un mentorat continu et de transmettre les savoirs traditionnels Â», mentionne-t-elle.

Montana Warbrick énumère les points forts du programme : soutien important aux initiatives menées par la communauté étudiante et aux événements culturels par des groupes tels que l’Association des apprenantes et apprenants autochtones en médecine; collaboration visant à intégrer de nouvelles perspectives dans le programme d’études; collaboration avec les départements afin de soutenir les étudiantes et étudiants autochtones et de promouvoir la sensibilisation culturelle dans toutes les disciplines.

Grâce au Programme autochtone, elle a vécu une expérience particulièrement significative en réalisant son stage en médecine familiale à Moose Factory, en Ontario, auprès du .

« Là-bas, j’ai pu ajouter mes connaissances traditionnelles à ma formation médicale afin d’offrir des soins cliniquement sûrs, mais aussi adaptés à la culture et holistiques. Cette expérience m’a convaincue de l’importance de rapprocher les approches de santé autochtones et traditionnelles dans le but de mieux servir l’ensemble des patientes et patients Â», ajoute-t-elle.

Hannah McKay, étudiante de deuxième année originaire de Toronto et issue de la  en Colombie-Britannique, espère participer au mentorat de la future génération de médecins autochtones afin de les soutenir autant qu’elle l’a été.

« Je me sens tellement chanceuse de prendre part au changement et j’espère voir plus d’améliorations se concrétiser Â», déclare Hannah.

Réconciliation et formation traditionnelle

Le 20e anniversaire célébré cette année est bien plus qu’une simple commémoration à la Faculté de médecine, où le thème Â« Réconciliation, action et santé autochtone Â» est l’une des cinq priorités unifiantes de notre plan stratégique. 

Indigenous Garden - Petiquan

« La réconciliation n'est pas une activité menée par les Autochtones. C'est une entente, un partenariat, une relation et un traité. Â»

Le Dr Alex Petiquan

Selon le Dr Alex Petiquan, responsable du mentorat pour le Programme autochtone, le travail de réconciliation n’est pas une activité menée par les Autochtones, mais plutôt un « processus de compréhension, un partenariat, une relation et un traité Â» qui requièrent la participation de tout le monde.

Interrogé sur la sensibilisation aux réalités culturelles et la formation traditionnelle â€“ deux aspects du programme â€“, le Dr Petiquan explique que l’objectif est d’enrichir l’expérience des apprenantes et apprenants en les exposant adéquatement aux enseignements traditionnels, au rythme de chaque personne.

« Chaque apprenante et apprenant a sa propre histoire, son propre vécu et son propre passé. Le Programme autochtone soutient leur autoréflexion, l’exploration et la découverte. Nous ne proposons pas de formation traditionnelle comme le ferait un livre, mais plutôt une formation qui implique des choix, de l’expérience et de l’intégration. Cette forme d’apprentissage est essentielle à notre expérience ici Â», affirme le Dr Petiquan, .

Pour la Dre Kitty, ce qui distingue le Programme autochtone de la Faculté – qui réserve chaque année sept places à des étudiantes et étudiants autochtones – des initiatives établies dans d’autres facultés de médecine canadiennes, c’est la bourse d’admission et le fait que l’Université d’Ottawa possède la seule faculté de médecine bilingue du pays.

Indigenous RGN

« Nous soutenons les personnes qui suivent nos traces. Â»

La Dre Darlene Kitty

Il y a encore beaucoup à faire, car des problèmes systémiques persistent et les Autochtones demeurent sous-représentés en médecine. Mais la Dre Kitty a confiance que les apprenantes et apprenants ainsi que les diplômées et diplômés du programme répondent aux appels à l’action des communautés autochtones et font preuve de la même force de caractère que leurs ancêtres.

« Nous soutenons les personnes qui suivent nos traces Â», dit-elle.