Pour Vladyslav Lanovoy, nouveau titulaire de la bourse Neuberger-Jesin pour l’étude de la résolution de conflits internationaux, le droit international est plus qu’une vocation professionnelle : c’est une démarche personnelle qui a débuté à Lviv, en Ukraine, et qui l’a amené à fréquenter certaines des plus grandes institutions vouées à la justice mondiale.
Un spécialiste de la responsabilité et des réparations
Le chercheur creuse certaines des questions les plus pressantes de notre époque. Il s’intéresse principalement aux cours et aux tribunaux internationaux, aux sources et à la codification du droit international, à la responsabilité des États et des organismes internationaux, ainsi qu’aux changements climatiques et aux réparations.
Le professeur Lanovoy est directeur associé de l’Annuaire canadien de droit international et rédacteur des recensions d’ouvrages pour Law & Practice of International Courts and Tribunals, et ses travaux ont été publiés dans des revues de premier plan. Il est aussi coprésident du groupe d’intérêts sur les cours et tribunaux internationaux de l’American Society of International Law.
Auparavant professeur invité en France et au Royaume-Uni, il a récemment occupé le poste de directeur d’études en droit international public à l’Académie de droit international de La Haye, où il a côtoyé la prochaine génération d’avocates et d’avocats dans le domaine.
Penser la résolution de conflits
Le professeur Lanovoy voit le droit international non pas comme une doctrine immuable, mais comme un processus vivant, façonné par la diplomatie, le règlement des litiges et l’innovation.
« L’obligation de résoudre les conflits pacifiquement est une des pierres angulaires du système juridique international, souligne-t-il. Les nations et les peuples ont de grandes attentes par rapport aux mécanismes de règlement des différends, et ce, malgré les limites qui leur sont inhérentes. »
Cette façon de voir les choses définira les travaux qu’il mènera à titre de professeur Neuberger-Jesin, un poste qui lui offre « un important canal pour échanger sur des questions déterminantes avec les spécialistes, dialoguer avec les gouvernements et les décisionnaires, et sensibiliser le public ». Son objectif : étudier non seulement le fonctionnement des institutions, mais aussi les ajustements qui s’imposent si elles veulent rester des vecteurs de paix.
De Lviv à La Haye
Né en Ukraine, Vladyslav Lanovoy parle couramment huit langues : le français, l’anglais, l’ukrainien, le portugais, le russe, l’italien, l’allemand et l’espagnol. Son regard sur le monde est international; au-delà de son expertise professionnelle, sur le plan personnel, il comprend l’urgence de ramener la paix.
Après avoir étudié en Europe (notamment à Genève, à Paris, à Lisbonne, à Strasbourg, à Florence et à La Haye), il a obtenu un doctorat en droit international à l’Institut de hautes études internationales et du développement, où sa thèse sur la complicité et la responsabilité des États lui a valu le prestigieux prix Paul-Guggenheim.
Il s’est ensuite consacré au règlement des différends internationaux, d’abord comme conseiller juridique adjoint à la Cour permanente d’arbitrage, puis comme juriste adjoint de première classe à la Cour internationale de justice. Il a également plaidé au Tribunal international du droit de la mer et lors de procédures d’arbitrage. De ces expériences, il retient que passer par le droit pour arriver à la paix est un exercice éminemment complexe.
La bourse professorale et son histoire
Nous devons la bourse professorale Neuberger-Jesin à la générosité d’Edie Neuberger et de Norm Jesin, qui ont obtenu leur diplôme de la Section de common law en 1981. Leur but était d’enrichir le domaine d’études qu’est la résolution de conflits internationaux en permettant à la communauté étudiante de l’Université d’acquérir des compétences pratiques en médiation, en arbitrage et en négociation.
« Nous croyons que nous avons la responsabilité de rendre ce monde meilleur », ont déclaré d’une même voix Mme Neuberger et M. Jesin à la création de la bourse.
Outre ses activités de recherche et d’enseignement, la ou le titulaire doit aussi donner un cours clinique en résolution de conflits internationaux, dans le cadre d’un laboratoire de médiation internationale qui donne aux étudiantes et étudiants une expérience pratique du règlement pacifique des différends.
D’avril 2018 à août 2025, c’est le professeur John Packer, expert réputé en droits de la personne et en résolution de conflits, qui occupait le poste. En alliant leadership, excellence universitaire et apprentissage pratique, ce spécialiste a jeté des bases solides pour la suite du poste – des bases sur lesquelles le professeur Lanovoy s’appuiera dans ses nouvelles fonctions.
La suite d’un parcours à l’Université d’Ottawa
À la Section de common law, le professeur Lanovoy poursuivra ses travaux de recherche tout en offrant à la population étudiante des occasions supplémentaires de réfléchir et de s’exercer à la résolution de conflits. C’est grâce à des conférences, à des collaborations et à des événements organisés dans le cadre de la bourse qu’il souhaite encourager la nouvelle génération d’avocates et d’avocats à poser un regard critique sur les différends internationaux et à bâtir un monde plus juste et plus pacifique.
« Pour résoudre les conflits internationaux, il faut mettre au jour le potentiel de différents modes de règlement pour une paix durable entre les nations et les peuples, et il faut faire respecter le droit international et l’État de droit », expose-t-il.
Après ses débuts à Lviv et son passage dans les cours internationales, l’expert vient boucler la boucle à Ottawa. Cette étape sera définie à la fois par son expérience personnelle, son parcours universitaire et sa conviction que le droit peut être un puissant moteur de paix.